"Je trouve le casting très difficile pour les comédiens" : entretien avec le metteur en scène et dramaturge David Basant
"Je trouve le casting très difficile pour les comédiens" : entretien avec le metteur en scène et dramaturge David Basant
David Basant est un homme de l'ombre qui met son imagination et sa créativité au service de la création théâtrale. Auteur de sept pièces de théâtre, et metteur en scène, sa dernière pièce "Pour le meilleur et pour le dire" est à l'affiche du Café de la Gare jusqu'au 31 décembre. Quelles sont ses inspirations ? Comment donner vie à ses idées ? Et comment trouve-t-il les comédiens pour incarner les personnages qu'il crée ?
Devenir metteur en scène et auteur de pièces de théâtre, une envie ? Un désir ? Une vocation ? Comment ça a commencé ?
D.B : À mes 13 ans, j’ai joué un extrait des Fourberies de Scapin. Dans la scène de Géronte et Scapin, tout le monde veut jouer le rôle de Scapin. Moi, je préférais jouer Géronte. J’avais mis un mouchoir trempé et que j’essorais à la fin tellement il avait pleuré. Déjà là, j’avais cette idée de jeu et de mise en scène en même temps.
Quel parcours avez-vous suivi ?
D.B : J’ai un parcours un peu atypique. J’ai fait une école de commerce, mais dès que je suis arrivée à l’école, j’ai tout de suite monté des spectacles. J’avais 400 personnes toutes les 3 ou 4 semaines sur un spectacle que je mettais en scène et que je co-écrivais. J’ai ensuite fait le conservatoire d'art dramatique pendant un an, et deux ans au Cours Simon. L’idée était d’en vivre. J’ai écrit sept pièces de théâtre qui ont été montées et jouées. Je fais aussi du coaching en communication. J’ai gardé ces deux vies qui me plaisent parce que je me nourris de ce que je vois dans le monde de l’entreprise pour le théâtre.
Justement, qu’est-ce qui vous inspire pour écrire vos pièces ?
D.B : En général, ce sont des choses que je croise et que je vis. J’ai écrit plusieurs pièces sur le monde de l’entreprise. Dans ma pièce “Court sucré ou long sans sucre”, je me suis inspiré de mon travail avec une agence d'événements dans laquelle j’intervenais pour les coacher. Je trouvais cet univers drôle, et de là est partie cette pièce qui a été jouée quatre ans au Café de la Gare avec une tournée en province.
Le Café de la Gare, un lieu hautement symbolique pour vous. On y retrouve justement votre dernière pièce “Pour le meilleur et pour le dire”. Comment est né ce projet ?
D.B : On a créé la pièce à La Manufacture des Abbesses en 2018. On a joué plusieurs mois et elle a été prolongée. On l’a ensuite amené au Festival Off Avignon, puis sur une tournée de cinquante dates. On pensait avoir fini, mais c'est une pièce qui a toujours un rebond puisque derrière, on a joué de juin à août au Théâtre Lepic à Paris. Le Café de la Gare nous a ensuite proposé de venir. J’ai un affect particulier avec eux.
Parlez-nous de cette pièce.
D.B : Je voulais une vraie comédie dans le rire et l’émotion. C’est un hommage à Elsa Cayat, la psychiatre tuée dans l’attentat de Charlie Hebdo et qui était ma psy pendant deux ans et demi. C’était quelqu’un de très joyeux et atypique, donc je voulais faire une pièce sur la psychanalyse mais avec de la vraie vie. J’ai coécrit avec Mélanie Reumaux qui est psychologue clinicienne. Cela apporte un angle intéressant. On a beaucoup travaillé avec une écriture au plateau. On a écrit le pitch et les scènes par principe, mais on laisse les comédiens improviser. La pièce est incarnée par eux car ils ont aussi participé à la création des rôles pour les personnages.
3 mots pour décrire le spectacle.
D.B : Non-dit, rires et émotions.
Comment avez-vous trouvé les comédiens ?
D.B : Je passe souvent par des contacts ou par des gens que j’ai aimé voir sur scène. Je trouve le casting très difficile pour les comédiens. J’aime aller chercher des gens et faire des tests. Souvent, on écrit pour des gens que l’on aime. En écrivant, j’ai pensé à des comédiens pour qui j’avais envie d’écrire.
Vous êtes aussi le metteur en scène de la pièce. Parlez-nous de ce côté de votre travail.
D.B : Je me suis beaucoup questionné sur comment trouver le fil dans lequel on va avoir à la fois une justesse de ton sans tomber dans le drame et le burlesque. C’est beaucoup de précision d‘acteur et de travail sur le rythme.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
D.B : Le partage et la richesse d’échange. Parfois, c’est incroyable comme on peut transfigurer une scène, un moment. La direction d’acteur, c’est aussi sentir l’autre et essayer de l’aider à donner le meilleur de lui-même.
Quand on est artiste et qu’on a écrit une pièce, comment trouver un lieu pour la jouer ?
D.B : En général, on fait des lectures dans des théâtres. Quand on a écrit plusieurs pièces, certains théâtres vous connaissent. Souvent, ça démarre avec une co-réalisation, c’est-à -dire un partage des recettes entre le théâtre et la production de la pièce.
Un conseil pour tous les membres de Casting.fr qui souhaitent se lancer dans la comédie ?
D.B : De toujours être en mouvement. S’enrichir, partager, prendre des contacts. Aujourd’hui, on peut chercher à créer des affinités avec d'autres acteurs pour éventuellement monter des projets ensemble. Quand on a un peu de métier, on est plus ouverts que ce qu’on pense quand des jeunes viennent nous voir. Prenez ces conseils, écoutez-les en faites-en les vôtres.
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