La comédienne Dominique Dimey, actuellement à l'affiche de "Bernard Dimey père & fille, une incroyable rencontre", vous donne tous ses conseils pour parvenir à chanter et jouer la comédie en même temps

Bonjour Dominique Dimey. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter. 

D.D : Je suis comédienne, chanteuse et auteur. Formée au théâtre par l’excellent professeur Jean-Laurent Cochet, j’ai d’abord joué au théâtre, dans des téléfilms, puis j’ai rencontré Anne Sylvestre et je me suis tournée vers la chanson et vers le jeune public. Pour cette rentrée, je reviens au théâtre avec un spectacle qui me tient particulièrement à cœur.

Vous êtes à l’affiche de Bernard Dimey, père et fille : une incroyable rencontre. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une histoire totalement improbable, digne d’un roman. Racontez-nous-en quelques lignes de quoi parle ce spectacle.

D.D : Le destin m’a fait rencontrer ce père que je ne connaissais pas à Montmartre lorsque j’avais 20 ans. Ce qui est exceptionnel, c’est que ce père était un grand poète, une figure incontournable de Montmartre, et un personnage hors norme et très connu à l’époque. C’est cette rencontre incroyable et les moments de complicité et de folie que nous avons partagés, que je raconte dans le spectacle.

Bernard Dimey, père et fille : une incroyable rencontre est le récit de votre histoire personnelle. Pourquoi avez-vous décidé de faire de votre histoire un spectacle ?

D.D : La découverte de mon père a été un choc terrible pour moi. Un événement qui bousculait toutes mes certitudes. Longtemps je lui en ai voulu. Lorsqu’il est mort, j’ai essayé de tout oublier de notre rencontre, j’ai mis longtemps à accepter mon histoire avec ce père si particulier, et j’ai eu besoin, sans doute pour me libérer vraiment de l’écrire et de la partager mais surtout de lui dire que j’étais fière d’être sa fille et de rendre hommage à son œuvre. 

Bernard Dimey, père et fille : une incroyable rencontre est le récit de votre histoire personnelle. Pourquoi avez-vous décidé de faire de votre histoire un spectacle ?

D.D : C’est étrange. J’ai eu du mal à me décider à écrire cette histoire et surtout à la raconter sur scène… Mais c’est très apaisant, je sens très vite un grand respect du public et une très belle écoute. Il y a bien sur quelque chose d’universel dans cette histoire. Au-delà des blessures que peut laisser un abandon, tout le monde peut se retrouver dans la complexité des relations père fille ou mère fille. Lorsqu’à la fin du spectacle, je vois des personnes rester sur de leur siège, pris par l’émotion…  Je suis très touchée par la complicité qui s’est établie avec le public.

L’équipe de Casting.fr a eu la chance d’assister à la générale du spectacle, et on vous a senti très émue une fois le spectacle terminé. Qu’avez-vous ressenti ?

D.D : Raconter sa propre histoire, c’est se livrer à des personnes qui ne vous connaissent pas et quand elles vibrent avec vous, quand vous sentez qu’elles partagent votre émotion sincère, qu’elles la respectent, elles deviennent un peu vos amis et vous vous ouvrez un peu plus à cette intimité.

Le spectacle inclut les œuvres de votre père (poèmes), mais le script est aussi très poétique. Comment s’est déroulé le processus d’écriture ? Y’a-t-il eut une recherche d’une continuité poétique ?

D.D : Ça a été un long travail que j’ai fait avec Bruno Laurent le metteur en scène. Il m’a enregistré racontant cette histoire et avec cette matière importante de texte parlé, nous avons ensuite construit la structure du récit et j’ai écrit ce texte que je dis. Mon intention était de raconter cette histoire incroyable qui contenait sa propre dramaturgie mais je voulais aussi partager et faire vivre la folie et l’intensité de ces moments que j’ai partagé avec Bernard. Je voulais glisser mon histoire dans l’œuvre de Bernard Dimey, avec ses chansons et ses poèmes bouleversants qui touchent profondément l’âme humaine. Donc oui absolument, on a cherché à donner une fluidité aux textes et à la poésie du spectacle, en mêlant et en enchainant souvent le récit avec les poèmes et les chansons de Bernard qui sont extrêmement actuels.    

Vous êtes seule sur scène, enfin presque puisqu’en alternance, un pianiste et un accordéoniste vous accompagnent à tour de rôle sur scène. Pourquoi ce choix ?

D.D : La musique et la lumière de Stéphane Baquet participent aussi beaucoup à la fluidité de l’histoire. J’ai la grande chance de travailler avec Charles Tois, un pianiste qui apporte beaucoup de délicatesse et de sensibilité à l’ambiance musicale du spectacle, aux enchainements et aux transitions des différents tableaux.

On va maintenant parler un peu technique, un aspect que nos membres au profil comédien vont apprécier. Vous maîtrisez parfaitement l’alternance entre chant et comédie. Avez-vous des conseils ou des rituels pour y parvenir ?

D.D : Je respire ! La chose fondamentale est la respiration. Elle apporte la détente et l’ancrage. Dans ce spectacle je passe sans arrêt de la chanson à la comédie et une partie importante du travail a été de faire en sorte que ça ne se sente pas, que dans mon récit, le spectateur au bout d’un moment ne sache plus s’il entend mon récit, un poème ou une chanson… On y arrive presque… La difficulté est le rythme que je ne dois pas perdre, avec des respirations (encore), des relances, des accélérations, passer de moments forts en émotions à des moments de légèreté et d’humour… C’est comme de la musique, une partition très précise que nous jouons avec beaucoup de complicité, le musicien, la régie lumière et moi…

Au cours de votre vie, vous avez sûrement dû déjà passer des castings. Auriez-vous quelques anecdotes à nous raconter ?

D.D : Oh la la oui ! Des castings parfois mémorables ! Je ne vais pas parler de ces castings où l’on vous traite comme un numéro, en vous gardant une demie seconde, sans vous voir… Ou de certains rendez-vous qui très vite lorsque vous étiez une femme, devenaient malsains… Non, les castings dont je veux me souvenir sont ceux où après avoir franchi toutes les étapes, on rencontre le réalisateur. C’est impressionnant et excitant. Lorsque j’avais rencontré Hervé Baslé qui a tourné de nombreuses grandes séries pour la télévision, il m’avait posé plein de questions : tu sais chanter, danser, ramasser des pommes de terre, être amoureuse… je croulais sous les questions et surtout je pensais que je ne savais rien faire de tout cela, j’étais effrayée… J’ai eu un très joli rôle dans la grande et très belle série « Entre terre et mer » diffusée sur France 2 où effectivement j’ai chanté, ramassé des pommes de terre, été enceinte et amoureuse !

Quels conseils donneriez-vous à un artiste qui souhaite devenir comédien ?

D.D : De choisir des cours de qualité, avec une ouverture sur toutes les formes possibles de théâtre (classique, moderne, improvisation, comedia d’ell arte..) car cette diversité est très importante. Ensuite pouvoir jouer beaucoup même en amateur au début, et expérimenter tout pour se former : le chant, la danse, le sport, la musique…. Aller voir beaucoup de spectacles et lire, lire, lire,.

Dernière question : trois mots pour décrire votre spectacle ?

D.D : Sincérité, authenticité, élégance… ? C’est tout ce que j’ai essayé d’y mettre.

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