Alexis Michalik, le metteur en scène du spectacle "Les Producteurs", vous dévoile tous les secrets du succès de cette comédie musicale !

Vous êtes acteur, metteur en scène mais également écrivain et réalisateur. Racontez-nous comment tout à commencé.

A.M : Tout a commencé très tôt. J’étais au club théâtre du lycée Jules Ferry à Paris, puis je suis tombé amoureux du théâtre. Mes parents m’emmenaient beaucoup au théâtre, et c’est comme ça que j’ai découvert ce métier. J’ai passé mon bac, je suis rentré dans un conservatoire municipal d’arrondissement, j’ai trouvé un agent et j’ai commencé à passer des castings. J’ai commencé à travailler à 18 ans en tant qu’acteur sur des séries, des téléfilms, des films et du théâtre. Assez tôt, je me suis découvert un goût pour la mise en scène. J’écrivais aussi, mais plus pour mon petit plaisir personnel et pas dans l’intention de devenir auteur. C’est comme ça que tout a commencé. En 2005, j’ai amené mon premier spectacle en Avignon. C’était « Le mariage de Figaro » revisité, ça s’appelait « Une folle journée », avec mes camarades de promo du conservatoire municipal du XIXe. J’ai découvert le Festival Off d'Avignon, et ça m’a vraiment motivé à revenir avec un autre spectacle. Et de spectacle en spectacle, je me suis professionnalisé.

On vous retrouve à la mise en scène des Producteurs. Présentez-nous cette comédie musicale.

A.M : C’est une comédie musicale de Mel Brooks, adaptée de son propre film réalisé en 1967, et qui raconte l’histoire de Max Bialystock et Leo Bloom, un producteur et un jeune comptable. Ils vont se rendre compte que s’ils produisent le plus mauvais spectacle du monde et s’ils sont persuadés que ce spectacle va faire un flop, ils peuvent réussir à lever beaucoup d’argent et à garder l’argent, puis le détourner si le spectacle s’arrête à la première. Ils vont décider de monter la pire comédie musicale possible, à savoir « Des fleurs pour Hitler », une comédie musicale sur l’ascension du Führer. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu.

Comment avez-vous eu l’idée de mettre en scène ce classique de Broadway ?

A.M : J’ai vu l’adaptation cinématographique de la comédie musicale (et pas de la version originale de Mel Brooks) et je me suis dit « mais ça devait être incroyable sur scène cet humour complètement délirant, je suis sûr que ça marcherait en France ». Vingt ans plus tard, j’ai eu l’opportunité de le monter grâce à la rencontre avec Stage Entertainment, qui m’ont demandé ce que serait mon rêve de comédie musicale. Je leur ai dit que c’était « Les Producteurs », et ils m’ont répondu que ça faisait quinze ans qu’ils essayaient de le monter.

Le spectacle aborde le nazisme. Comment aborder ce sujet sans choquer, mais avec humour ?

A.M : Je ne sais pas s'il aborde le nazisme. En tout cas, il aborde le nazisme de manière très parodique et assumée. Quant à cet humour, ce n’est pas le mien, mais celui de Mel Brooks. La formule avait déjà été éprouvée par un film, une comédie musicale et son adaptation en film, donc à ce niveau-là je ne peux pas dire que ce sont les propos sur le nazisme qui feraient polémique. On se moque plutôt gentiment des nazis, plutôt que du nazisme en soi. Il y a un humour assez décapant. Déjà à l’époque, en 1967/1968, il y avait des critiques qui s’élevaient en disant qu’on ne peut pas rire de tout. Finalement, le film a eu l’Oscar du meilleur scénario, donc c’est qu’il a été reconnu. C'est aujourd’hui un classique.

Après un immense succès aux États-Unis, « Les Producteurs » fait fureur en France. À votre avis, pourquoi ?

A.M : Parce que c’est une superbe comédie musicale de Mel Brooks ! C’est très drôle, les chansons sont superbes. D’une manière que je n’explique pas trop, ça n’avait jamais été monté en France alors que ça a été monté un peu partout dans le monde. Je suis ravi de pouvoir enfin le faire.

Avez-vous contribué aux castings pour trouver les comédiens ?

A.M : Bien sûr ! J’étais dans la salle. On a reçu a peu près 2000 candidatures. On en a gardé 150, on les a vu, et on a gardé les meilleurs, ceux qui convenaient le mieux à ce qu’on recherchait et qui arrivaient à allier à la fois un sens de la comédie mais aussi un talent de chanteur et de danseur. D’ailleurs, je pense que c’est notamment grâce à son casting que « Les Producteurs » fait fureur en France. Il est absolument dément, il amène une énergie folle dans le projet et met tout son talent au service de la troupe.

Vous êtes vous-même comédien. Comment vous préparez-vous avant de passer un casting ? 

A.M : J’apprends le texte le mieux possible. Je lis le scénario si j’y ai accès. J’essaye de me renseigner sur le personnage, et j’essaye d’amener une proposition. Si jamais le costume du personnage peut être influencé par celui que je vais mettre à l’audition, je peux modifier ma façon de m’habiller. 

Un conseil pour tous les membres de Casting.fr qui souhaitent devenir comédiens ?

A.M : On voit toujours un casting par le prisme de notre passage, mais pour avoir été des deux côtés de la barrière, c’est-à-dire de l’employeur et de l’employé, je sais que la prise de décision est souvent multiple. Parfois, on va prendre quelqu’un parce qu’il s’accorde mieux avec l’actrice qui va jouer le rôle, ou parce qu’il est moins crédible car on va prendre quelqu’un de plus âgé à côté. Il y a 1000 raisons pour choisir quelqu’un, et pas seulement le talent. Je pense que le plus important est de faire de son mieux, et de ne rien prendre personnellement. Il ne faut pas se dire « c’est parce que je suis nul ». Non. Il y a beaucoup de raisons de ne pas réussir un casting. Soyons honnêtes, statistiquement, on a plus souvent un échec, c’est normal, à moins d’être un génie. On va voir 10, 20, 30 personnes sur un rôle, et un seul aura le job. Il faut y retourner à chaque fois avec une bonne énergie, de la bienveillance, du travail, de l’humilité, et avoir la capacité de ne pas être affecté par cet échec.

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