Rencontre avec le comédien et metteur en scène Camille Prioul, à retrouver au théâtre Clavel dans la pièce "Ceux qui restent"
Rencontre avec le comédien et metteur en scène Camille Prioul, à retrouver au théâtre Clavel dans la pièce "Ceux qui restent"
Bonjour Camille Prioul. Vous êtes comédien, mais également l’auteur et le metteur en scène de « Ceux qui restent », une pièce qui se joue à partir du 19 janvier au théâtre Clavel. Présentez-nous votre pièce.
C.P : Bonjour à toute l’équipe de Casting.fr et à vos lecteurs et lectrices ! "Ceux qui restent" est une comédie dramatique qui s’empare d’un sujet de société assez dense : le droit à mourir dans la dignité, à travers un voyage en Suisse pour un suicide assisté. C’est dans ce pays où la pratique du suicide accompagné est légale qu’Annie, malade sans espoir de guérison, demande à son fils Étienne de l’accompagner dans un dernier voyage. En parallèle, Étienne rencontre Juliette, et les deux tombent très amoureux. Mais Juliette a d’autres projets : elle retourne dans quelques mois vivre en Nouvelle-Calédonie… Les deux histoires se complètent et se répondent discrètement. Si le sujet de la fin de vie peut sembler un peu lourd, le traitement est léger, et plein d’humour. Ceux qui restent parle de tendresse, d’amour, et de la mort qui ne peut se contenter d’être un fardeau. Outre Annie (Anne de Peufeilhoux), Étienne (Camille Prioul) et Juliette (Karine Ventalon), nous croisons Benjamin, le meilleur ami d’Étienne, et son frère Olivier (Pablo Gallego) ainsi qu’Emilia, meilleure amie de Juliette, et Sophie, la sœur d’Étienne (Tatiana Djordjevic). Karine Ventalon interprète aussi Sylvie, responsable de l’association suisse qui accompagne les patients dans la mort.
« Ceux qui restent » traite d’un sujet fort : la fin de vie. Dites-nous tout sur votre processus d’écriture et de mise en scène.
C.P : L’écriture de ce spectacle a commencé en juillet 2017, avec pour objectif de raconter l’histoire d’un trentenaire qui perd sa mère, dernier parent encore en vie, et d’explorer ce qui change en chacun de nous lorsque nous ne sommes « plus l’enfant de personne ». N’étant pas concerné par cette situation, j’ai souhaité rencontrer des orphelins, ou du moins des personnes qui le sont devenues, afin de collecter des expériences, des ressentis et des pensées qui pourraient me nourrir. C’est au cours d’un de ces entretiens que l’idée du voyage en Suisse est apparue et ne m’a plus quitté : il fallait que je raconte cette histoire. L’écriture s’est faite par touches éparses et s’est terminée début 2020, puis la production s’est mise en place doucement pour arriver à ces premières que nous jouons en janvier et février 2023 au Théâtre Clavel. J’ai été accompagné dans le travail de mise en scène par Cécile Ghrenassia, qui m’a permis de créer le spectacle à l’image que je souhaitais tout en étant beaucoup au plateau, car j’interprète aussi le rôle d’Étienne. Nous avons voulu une mise en scène sobre et modulable, permettant de passer d’un lieu et d’un récit à l’autre de manière fluide. L’écriture, presque cinématographique, donne un jeu naturel aux comédiennes et comédiens, afin d’embarquer sans artifices le public dans notre histoire touchante.
Si vous deviez décrire la pièce en trois mots, que seraient-ils ?
C.P : Amour, complicité, tendresse.
On vous retrouve sur scène aux côtés de quatre autres comédiens (Taniana Djordjevic, Anne de Peufeilhoux, Pablo Gallego et Karine Ventalon). Comment se sont déroulés les castings ces rôles ?
C.P : Les castings ont été un moment très fort ! Tout d’abord, suite à la publication des annonces, nous avons reçu près de 1300 candidatures ! À tel point que j’ai pensé ne jamais être capable de toutes les étudier... Et puis nous sommes arrivés au bout et avons sélectionné environ 25 profils pour les 4 rôles que nous avions à pourvoir, et les avons auditionnés fin juin dernier. Nous avions envoyé à chaque candidat une fiche décrivant succinctement le ou les personnages pour lesquels ils étaient auditionnés, les textes à apprendre pour le casting, ainsi que le texte complet du spectacle, afin qu’ils puissent prendre en main ses enjeux dès la première rencontre. Chaque entrevue a été très enrichissante. Étant plus habitué à passer moi-même des castings plutôt que les organiser, passer de l’autre côté a été une expérience très particulière et m’a beaucoup appris. Le Covid est venu perturber notre belle organisation quand Cécile Ghrenassia comme moi-même nous sommes retrouvés positifs et alités, nécessitant de repousser d’une semaine et de réorganiser tout notre planning, mais au final nous avons rapidement recruté notre équipe et sommes ravis de la belle ambiance qui règne actuellement au sein de notre troupe.
Parlons maintenant de votre parcours artistique. Quelles formations avez-vous suivies pour devenir comédien ?
C.P : J’ai eu une professionnalisation tardive en tant que comédien. J’ai pratiqué plusieurs métiers, de libraire ou éditeur à développeur web et formateur. Toutefois, j’ai toujours pratiqué le théâtre et le cinéma en amateur, depuis mes 13 ans, et particulièrement l’improvisation théâtrale à haute dose depuis 2005. J’ai passé une petite dizaine d’années à la Ligue d’Improvisation de Paris, et ai créé plusieurs troupes comme les Claques, la Boîte, ou même le théâtre nantais la Fabrique à Impros avec des camarades de la région. C’est fin 2012 que j’ai décidé de devenir comédien professionnel. À l’époque, je pratiquais mon activité de développeur web et formateur en indépendant, ce qui m’a permis d’organiser mon emploi du temps de manière à pouvoir tout faire de front. Ce fut coûteux, notamment en temps de sommeil, mais m’a permis de glisser doucement vers aujourd’hui, où je vis des métiers de comédien, auteur et metteur en scène. J’ai intégré le Studio+, la classe libre du Studio Muller, à la rentrée 2013, puis suis entré directement en dernière année au Conservatoire du XVIIe de Paris. C’est là que j’ai démarré la création de mon premier spectacle Odyssée, réécriture en comédie du mythe d’Ulysse, dans lequel j’incarne seul en scène une trentaine de personnages. Après plus de 170 représentations, dont trois festivals d’Avignon OFF, il est actuellement toujours en tournée. Je participe régulièrement à des ateliers et stages pour continuer à progresser dans ma pratique, ainsi qu’à la création de spectacles. Depuis 2013, j’ai multiplié mes participations dans des projets et travaillé notamment avec la compagnie le Bourdon Céleste et la compagnie Je Suis Ton Père, auprès desquelles j’ai beaucoup appris. Et puis, bien sûr, toujours beaucoup d’improvisation. En juillet 2017, je suis allé voir le spectacle Papa(s) de la compagnie Je Suis Ton Père au Festival d’Avignon. Ce spectacle m’a beaucoup touché, et particulièrement un personnage, Matthieu, qui livrait des morceaux touchants de son passé. Lorsque je suis rentré ce soir-là, j’ai démarré l’écriture de "Ceux qui restent", qui n’était à l’époque que l’embryon de ce qu’il est aujourd’hui. Quelques mois plus tard, la compagnie JSTP a lancé des auditions pour le rôle de Matthieu car le comédien qui l’interprétait quittait le métier. J’ai passé le casting et obtenu le rôle, que j’ai ensuite joué plusieurs dizaines de fois, avec au fond de moi l’impression de boucler une boucle… Je suis ensuite resté au sein de la compagnie pour d’autres projets théâtraux. Le personnage de Matthieu m’a d’ailleurs tellement marqué que je me suis inspiré d’un autre petit bout de son personnage pour l’écriture d’un prochain spectacle. Mais ça, c’est une autre histoire, pour plus tard.
Selon vous, comment bien se préparer avant un casting ?
C.P : J’ai lancé mon parcours de comédien en créant mes propres spectacles, et y mets plus d’énergie que dans la recherche de castings. J’en passe donc finalement assez peu et serais bien en peine de donner des conseils réellement avisés. Toutefois, en passant de l’autre côté du casting pour "Ceux qui restent", j’ai confirmé ce que je pensais : soyez vous-même. Venez montrer ce que vous savez faire sans mentir sur qui vous êtes. Montrez que vous intégrez facilement les indications qui vous sont données, que vous êtes souple dans vos
propositions. Un recrutement, c’est donner envie à l’autre de travailler avec vous, particulièrement dans le cadre d’une aventure théâtrale, pour laquelle on s’engage généralement sur le temps long…
Des conseils pour tous les membres de Casting.fr passionnés par le théâtre et qui souhaitent devenir comédiens professionnels ?
C.P : Jouez ! Montez sur scène, cumulez les projets, saisissez toutes les occasions ! C’est en jouant qu’on devient comédienne ou comédien. Même les petits projets mal rémunérés des débuts de parcours sont ceux où on rencontre les personnes qui deviendront peut-être nos partenaires plus tard, sur d’autres spectacles ou tournages, et qui parfois feront appel à nous pour un rôle. Et n’hésitez pas à vous mettre en danger en explorant des partitions qui ne vous semblent pas taillées pour vous à la première lecture, ou en pratiquant l’improvisation.
Toutes les informations sur la pièce "Ceux qui restent" sont disponibles ici.
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