Enfin la réeouverture du Palace !
Du 17/11/2008
Enfin la réeouverture du Palace !
Lieu mythique des nuits parisiennes à l'aube des années 80, théâtre-écrin de folies insensées, le Palace va renaître...Et renouer avec ses origines.
A 85 ans, l'un des hauts lieux de la vie parisienne, sis rue du Faubourg Montmartre, va revenir - une nouvelle fois - sur le devant de la scène. Une nouvelle page pour le Palace, mais aussi un nouveau cycle, marqué par un retour aux sources : né music-hall en 1923, c'est sous cette forme qu'il devrait rouvrir ses portes. Rebaptisé l'Alcazar - comme la célèbre salle marseillaise - en 1933, il retrouve son nom d'origine au sortir de la guerre, en 1946. Mais le Palace de l'époque est devenu cinéma. Ce nouveau visage laissera place, à partir de 1969, à un théâtre qui abritera le Centre national de Création contemporaine, dirigé par Pierre Laville. En 1978, Michel Guy, ministre de la Culture de VGA et instigateur du Festival d'automne, déplore l'état de ce bâtiment chargé d'histoire, alors au bord de la ruine. Il suggère à Fabrice Emaer, homme d'affaires et esthète — qui cherche un lieu pour fonder une discothèque —, de le racheter.
L'âge d'or du Palace va commencer, et l'endroit sera le théâtre de fêtes insensées. Fabrice Emaer, créateur du Sept — illustre club gay de la capitale — rêve de fonder un lieu aussi incontournable que le Studio 54 de New York, temple nocturne du glamour et de l'excès. Il fait réaliser d'importants travaux en un temps record, et confie la décoration à Gérard Garouste, qui demeurera scénographe et peintre du Palace jusqu'en 1982.
Le 1er mars 1978, Fabrice Emaer inaugure son temple de la nuit par un show de Grace Jones, créature façonnée par Jean-Paul Goude, mannequin international et chanteuse (Walkin' in the rain, La vie en Rose). Les serveurs, flamboyants, vêtus de costumes rouge et or, sont habillés par le couturier Thierry Mugler. En 1980, Emaer ouvre, au sous-sol du Palace — on y accède par l'arrière du bâtiment —, le Privilège, plus élitiste et plus feutré... Mais tout aussi déjanté. Si la grande aventure du Palace sera de courte durée — car Emaer décède en 1983, terrassé par un cancer du rein —, elle marquera plus durablement les esprits que tous les autres lieux de la nuit parisienne, quelle qu'ait été la durée de leur histoire. Au-delà du phénomène de mode, le Palace vit encore au travers du souvenir de ses fêtes légendaires, peuplées d'une faune aussi invraisemblable qu' éclectique. C'est ça, le secret de la réussite du Palace : un brassage de stars, d'aristos branchés et décadents, de punks, de travestis. Un endroit fréquenté par la jeunesse dorée, les loubards ou de simples amoureux de la fête au look improbable. La discothèque la plus et la mieux fréquentée de Paris accueille les défilés et fêtes des plus grands couturiers : Kenzo et Karl Lagerfeld), pour ne citer qu'eux. Ici se rejoignent les horizons de la mode, de la musique, du « chic parisien » et de la culture underground. On peut y apercevoir, au milieu d'anonymes de tous bords, Alain Pacadis, journaliste à Libération décédé dans des circonstances troubles qui, dans ses chroniques inoubliables, croquait au fil des nuits le Palace et ses habitués, Roland Barthes, professeur au Collège de France, Mick Jagger, Andy Warhol, Frédéric Mitterrand, la décoratrice Andrée Putman, Serge Gainsbourg, Pierre Bergé, Alice Sapritch, Thierry Le Luron, Thierry Ardisson... Une révolution dans la France atone de VGE.
A la mort de Fabrice Emaer, le Palace, privé de son âme, referme ses portes sur l'un des plus trépidants moments de l'Histoire de la capitale. Régine, la « Reine de la Nuit parisienne », propriétaire du Regine's et du New Jimmy's, tentera bien de ressusciter le site en 1992... Mais dès 1996, le Palace sera de nouveau laissé à l'abandon et à la merci des squatters.
En 2008, les murs du Palace devraient à nouveau résonner du bruissement de la vie parisienne. Racheté par les frères Vardar, déjà propriétaires de nombreux théâtres (en Belgique, à Toulouse, à Montpellier et à Avignon), ainsi que de la Comédie République et de la Grande Comédie à Paris, le Palace, avec une capacité de 1100 places, va renouer avec l'esprit de sa toute première fondation : il accueillera désormais des artistes, des comédies populaires, des one-man-shows (donc celui de Valérie Lemercier) et des émissions télé. De quoi raviver la nostalgie ?
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